Le Pogo 1 est un bateau de course ancienne génération.
Comparer trois générations de Pogo 6.50, c’est effeuiller vingt ans
d’histoire de la Mini Transat. La jauge n’a quasiment pas bougé, mais les mœurs
et les techniques.
L’année précédente, Christian Bourroulec, le patron du chantier Structures,
a récupéré le moule d’Amnesty International, le proto vainqueur en 1993 aux
mains de Thierry Dubois. Et en a extrapolé un voilier conforme à la jauge
série. Cette "box rule" se résume en quelques lignes qui n’ont pas
bougé depuis : 6,50 m de long par 3 m de large comme les proto, mais 1,60 m de
tirant d’eau seulement, un mât plus court (11 m de tirant d'air), pas de
ballast, ni de quille pivotante. La liste des matériaux de construction est
hyper-restrictive : contreplaqué ou polyester pour la coque, fonte et plomb
pour la quille, aluminium pour les espars. A l’époque, un bateau de série a
pour vocation d’être économique, plus simple d’emploi qu’un proto et de pouvoir
permettre de pratiquer la petite croisière.
Bi safran, construction robuste, trappe de survie à l'arrière... Le Pogo 1
a intégré en 95 beaucoup d'éléments qui font des Minis de bons bateaux de
large. Notez les haubans rentrés, la porte double battants et le rail de fargue
qui ont pris un sérieux coup de vieux :
En 1996, trois autres Pogo sont vendus et le plan Rolland commence à gagner
des courses. Les ventes s'emballent à partir de 1997 : 11 unités cette année-là
puis plus de 20 par an jusqu'en 2002. Le seul bateau de série pouvant le
concurrencer est alors le Super Calin dessiné et construit en contreplaqué par
Jean-Pierre Magnan. A partir de 1997 et jusqu'en 2011, plus aucune Mini-Transat
n'échappera au Pogo – qui devient une marque déclinée dans d’autres tailles.
La carène du Pogo 1 est celle que Pierre Rolland a dessinée sur Amnesty
International. Son franc bord a été rehaussé sur l'arrière pour passer la
jauge. Elle est conforme aux canons de l’époque avec des formes elliptiques
très douces. La largeur de flottaison statique est relativement faible et
l’appui à la gîte progressif.
Comparativement au Pogo 1, la carène Finot-Conq du Pogo 2 est une luge. Les
lignes sont très tendues en longitudinal, brion et tableau sont immergés. La
largeur au tableau est nettement plus importante, de même que l’écartement des
safrans, signe d’une carène qui se décale plus nettement à la gîte. Les entrées
d’eau sont encore fines, la réserve de volume s’obtenant par un tulipage de
l’étrave qui donne une élégance naturelle au bateau et qui se prolonge vers
l'arrière par un bouchain marqué.
Le Pogo 1 est construit en polyester avec une âme en feutre pour créer un
effet de micro-sandwich. Mais les tissus sont stratifiés à la main. La
structure du bateau est entièrement réalisée en contreplaqué avec une grande
cloison de mât ajourée et des carlingues longitudinales qui soutiennent les
couchettes. De petits meubles cuisine et table à cartes sur les côtés donnent
un minimum de confort, au moins visuel. En l'absence de capot coulissant, la
cloison de descente est penchée vers l'avant ce qui est peu pratique dès qu'il
pleut.